Transformation: ce que l’Ong GPALEF veut faire des matières fécales

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Mme Koué Angèle est présidente de l’Ong Genre parité et leadership féminin (GPALEF) qui a un projet de transformation de matières fécales en divers produits finis. Présente à la COP15 en 2022, elle a situé les raisons de cette présence à cet événement mondial. Mme Koué Angèle a également indiqué ce que fait l’Ong GPALEF pour les femmes surtout en matière de transformation d’autres produits agricoles.

« Nous avons un projet pour transformer les matières fécales en biogaz, en engrais… pour les femmes »

Qu’est-ce qui a motivé la présence de votre Ong à la COP15 ?

Nous sommes présentes à la COP15, aux côtés du District autonome d’Abidjan, via l’Institut de l’Economie circulaire d’Abidjan. Et donc, avec cet institut de l’Economie circulaire, nous avons un partenariat pour adresser la question de la gestion durable des déchets organiques et surtout l’implication des femmes dans l’économie circulaire.

En termes de participation au recyclage des ordures issues de matières fécales. Ces ordures recyclées servent d’énergie en termes de biogaz, ou alors de compost (engrais) pour développer les cultures vivrières etc. Donc, notre action dans le cadre de ce projet, c’est d’abord, faire en sorte que les gens comprennent, en termes de sensibilisation, qu’est-ce que c’est que l’économie circulaire ? Qu’est-ce que ça apporte de recycler les matières fécales ? En tout cas, c’est toute la boucle dans la gestion des matières fécales que nous adressons.

Mais, dans un volet implication des femmes dans toute la chaine de valeur. Nous avons fait le constat que les femmes sont utilisées pour nettoyer les toilettes, pour beaucoup de choses dans la gestion des toilettes, mais elles ont très peu accès aux toilettes. Quand il s’agit de nettoyer les toilettes, ce sont les femmes, mais quand il s’agit d’avoir accès aux toilettes, elles ne sont pas prioritaires. Alors les hommes aussi peuvent faire pipi quand ils veulent dans la nature, mais pour les femmes, il faut vraiment qu’il ait des toilettes adaptées à elles etc.

Nous sommes parties de cette question et nous avons aussi trouvé que là où il y a de l’argent à gagner, dans la gestion des toilettes, les femmes ne sont pas présentes. Il s’agit, par exemple, des vidanges etc. Et donc, après notre première phase d’étude que nous faisons en partenariat avec une organisation internationale anglaise, nous avons essayé d’identifier un certain nombre d’insuffisances pour les femmes.

Et nous avons aussi essayé de réfléchir à comment est-ce qu’on peut faire pour que les femmes gagnent de l’argent, à travers toute cette économie fleurissante, dans le secteur de l’assainissement. Et qu’elles ne soient pas toujours celles qui travaillent gratuitement.

La présidente de GPALEF à la COP15 à Abidjan en 2022.

Autre chose aussi, dans la gestion des matières fécales, matières fécales, nous pouvons boucler la boucle. Du fait que les êtres humains défèquent et que ces boues fécales peuvent être récupérées pour en faire du trésor pour gagner de l’argent et en même temps pour protéger l’environnement que de rejeter ça dans la nature de façon désordonnée et désorganisée.

Et c’est dans cette optique-là, toujours avec notre partenaire, une université anglaise, nous avons pu développer cette étude pour voir comment nous pouvons impliquer les femmes dans le recyclage des matières fécales pour en faire de l’engrais bio, pour en faire de l’énergie (biogaz).

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Où en êtes-vous précisément avec ce projet ?

D’abord, nous sommes dans la phase de pouvoir mettre en place, une plateforme de différents acteurs multi-compétents, multi-intérêts etc. Pour, d’abord, sensibiliser les personnes que nous avons pu rencontrer en tant que consommatrices, qui nous disaient, par exemple, qu’elles ne sont pas prêtes à manger de la salade qui a été produite avec de l’engrais issue de matières fécales. Donc, il y a une phase de sensibilisation à faire pour faire comprendre à ces personnes-là, que ce n’est pas la matière fécale qui va être directement utilisée. Mais, c’est après transformation et détoxication qui sont faites, avant qu’on en arrive à en faire du compost etc.

Pareil aussi pour le biogaz à base de boue fécale. Et donc, on se disait qu’il fallait faire comprendre aux consommateurs directs. Parce qu’on a vu des femmes qui se disaient que comment on peut faire cuire ma nourriture avec de la boue fécale. Et donc, voilà un peu les phases auxquelles nous sommes. D’abord, sensibiliser des personnes qui vont utiliser cela, sensibiliser les consommateurs et consommatrices, sensibiliser même les restaurants etc. Parce que nous avons mené des études hors Côte d’Ivoire qui ont démontré que l’eau qui sort des toilettes peut être réutilisée.

Mais directement, quand on dit aux communs des mortels, ils ne comprennent pas. Nous avons investigué auprès d’un restaurant où on servait directement de l’eau recyclée aux personnes qui buvaient, qui se lavaient les mains etc. Mais, certaines personnes ont été réticentes quand on leur a dit que c’est de l’eau des toilettes.

Mais en réalité, il s’agit de sortir, déconstruire de la tête des personnes que c’est de l’eau usée directement. Mais que c’est une eau qui a été traitée et qui devient une eau parfaitement potable. Donc, voici le travail que nous sommes en train de faire. Ensuite, ce qui est intéressant, c’est de faire de ces femmes, parce que nous sommes une Ong de promotion des droits des femmes, de promotion de l’autonomisation de la Femme, de vraies promotrices. Donc, il s’agit de créer des groupements d’intérêt économique de femmes qui permettent de travailler dans le recyclage des ordures fécales pour se faire de l’argent.

Avec quelles catégories de femmes, travaillez-vous ?

Nous travaillons avec les femmes rurales, des femmes urbaines qui font de la culture maraichère, qui ont aussi des petits restaurants etc. En tout cas, nous travaillons avec les femmes qui travaillent à protéger l’environnement avec leurs activités économiques. C’est ce que nous leur inculquons.

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C’est au niveau national ?

Dans le cadre de ce projet, c’est par rapport aux villes. Mais, nous même, en tant qu’organisation, nous travaillons avec les femmes rurales dans le secteur du cacao, dans différentes chaînes de valeur. Il y a le cacao, il y a le manioc, il y a le palmier à huile. Ce sont des femmes que nous essayons d’autonomiser. Et certaines, par exemple, font du savon à base d’huile de palme, elles font de la poudre de cacao, du savon à base du cacao, elles font du compost à base de cabosse de cacao etc.

Voici un peu comment nous appuyons ces femmes-là pour gagner de l’argent. Parce que nous savons aussi qu’elles n’ont pas droit à la terre. Beaucoup sont exclues de l’héritage de leur époux, de l’héritage de leur père etc. Et donc, elles veulent corriger ce handicap qu’elles ont, en faisant de la transformation des produits. Parce que si tu n’as pas de champ de cacao, tu peux quand même faire de la transformation du cacao, etc. Donc, on les appuie vraiment pour pouvoir être de bonnes entrepreneures dans ces différents secteurs de transformation.

Propos recueillis par Benoît Kadjo

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