Situation alimentaire en Côte d’Ivoire : Ce que disent les experts pour l’année 2023
Leurs recommandations
Le deuxième atelier national de l’année 2013 du « Cadre harmonisé (CH) pour l’analyse et l’identification des zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle en Côte d’Ivoire » tenu du 09 au 14 octobre 2023 dans la ville de Jacqueville, dans la Région des Grands Ponts a effectivement pris fin le samedi 14 octobre 2023.
Les résultats provisoires sur l’Insécurité alimentaire (IA) en Côte d’Ivoire issus de cet atelier ont été transmis aux experts du Comité technique du Cadre harmonisé (CH) pour contrôle et validation.
Il faut cependant indiquér que selon ces résultats provisoire, la consommation alimentaire est globalement acceptable en Côte d’Ivoire, excepté les Régions du Bélier, du Gboklè, des Grand-Ponts, du Guemon et du N’zi.
Un autre cas signalé par ces résultats provisoire est « les moyens d’existence ». Ces moyens d’existence serait « globalement acceptables » avec la précision que « toutefois les régions du Bafing, Béré, Bounkani, Folon, Gbèkè, Gboklè, Gontougo Grand-Ponts, Kabadougou, Lôh-Djiboua, Moronou, Poro, Sud-comoé Tonkpi, Worodougou ont adopté des stratégies de stress tandis que les régions Guémon Iffou, Indénié-Djuablin, Tchologo ont adopté des stratégies de crise. »
Toujours à en croire ces résultats provisoires de cet atelier « les disponibilités alimentaires sont légèrement en hausse et la consommation alimentaire reste globalement acceptable. Les ménages agricoles se nourrissent actuellement à partir de leur propre production et des produits importés. »
Quant aux marchés urbains et ruraux, ils « sont relativement approvisionnés par certains produits agricoles nationaux (manioc, igname, banane plantain, riz local, cultures maraichères, etc.) et les importations (riz, blé, oignon, poisson, bétail, viande congelée). Toutefois, les prix connaissent une hausse généralisée. »
« Les moyens d’existence dans plusieurs régions sont en sous-pression. Toutefois, les régions de Guémon Iffou, Indénié-Djuablin, Tchologo ont adoptées des stratégies de crise à urgence », précisent les dits résultats.
Toujours dans la même veine, il est indiqué que « en situation courante (Octobre à Décembre 2023), sur les 31 Régions analysées, six (06) régions sont classées en phase sous pression (Gboklè, Grand-Ponts, Guémon, Iffou, N’zi, et Tchologo) et les autres en phase d’insécurité alimentaire minimale. »
Quant à la situation projetée (Juin à Août 2024), précise les experts, de cet ateliers, sur les 31 régions analysées, quatorze (14) régions seraient classées en phase sous-pression (Bafing, Bélier, Béré, Folon, Gboklè, Grand-Ponts, Guémon, Haut-Sassandra, Iffou, Indénié-Djuablin, Kabadougou, Marahoué, N’zi, Tchologo). Les dix-sept (17) autres régions resteraient en phase d’insécurité alimentaire minimale.
L’autre pan de cet atelier est l’estimation des populations en insécurité alimentaire. Cela prend en compte deux situations. D’abord, en situation courante (Octobre à Décembre 2023). A en croire les résultats provisoires, ce sont 20 033 528 personnes, soit 84% de la population totale analysée qui ont été classées en phase minimale
Aussi, 3 141 519 personnes, soit 13 %, de la population totale analysée sont classées en phase sous pression nécessitant des interventions de renforcement de leur résilience ou de protection de leurs moyens d’existence, pour qu’elles ne basculent pas en crise durant la période de soudure.
Il est également indiqué que 768 221 personnes, soit 3%, de la population totale analysée sont classées en phase de crise. Ces populations en crise ont besoin d’interventions d’urgence pour leur prise en charge, pour sauver leurs vies et protéger leurs moyens d’existence.
Le second cas est la situation projetée qui correspondant à la période de soudure (Juin à Août 2024) :
A cet effet, sur 19 191 167 personnes, soit 80% de la population analysée, seraient classées en phase minimale ; et sur 3 829 220 personnes, soit 16% de la population totale analysée, seraient classées en phase sous pression. Celles-ci auraient besoin d’interventions de renforcement de leur résilience ou de protection de leurs moyens d’existence. Et enfin, sur 922 879 personnes, soit 4% de la population totale analysée, seraient classées en phase crise. Et ces populations en en crise auraient besoin d’interventions d’urgence.
Vu la situation, des recommandations ont été faites par les experts. Celles-ci s’adressent au gouvernement ivoirien et à ses partenaires. Il leur est demandé d’Élaborer et de mettre en œuvre des actions d’urgence pour la prise en charge des personnes en situation de crise ; d’engager des programmes de renforcement de la résilience pour soutenir les moyens d’existence des populations en phase sous pression et de garantir la pérennisation d’un système permanent de collecte de données pour les analyses du Cadre Harmonisé.
.Aussi, ces récommandations s’adressent au CILSS, à l’UEMOA et à la CEDEAO. Ceux-ci ont été invités à appuyer le processus de renforcement de capacités des acteurs nationaux sur les procédures du CH version 3.0 pour les sessions à venir ; d’augmenter le nombre d’experts certifiés dans les pays et d’appuyer techniquement et financièrement la mise en œuvre du DISSA et la tenue régulière des enquêtes agricoles et de sécurité alimentaire.
Présente à la clôture dudit atelier, la directrice des Cultures vivrières et de la sécurité alimentaire, Mme Coulibaly Ramata, au nom du ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, du directeur général de la Production et de la sécurité alimentaire et à son nom personnel, a remercié les experts du PAM présents pour le soutien financier qui leur permet de tenir les ateliers du Cadre harmonisé (CH) “afin de pouvoir comprendre la situation alimentaire de nos populations
pour qu’on puisse envisager l’aide et les appuis nécessaires pour qu’il est une évolution au niveau de la situation alimentaire. » Elle n’a pas oublié de remercier les deux experts du Comité permanent inter-Etat de lutte contre la sècheresse dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest (CILSS).
« Merci également à tous les experts. Je sais qu’ils sont passionnés de la chose. Et chaque fois qu’ils sont invités, ils répondent présents », a-t-elle affirmé en demandant à ces dernier de s’applaudir pour ce dévouement à la cause du CH.
Avant la directrice Coulibaly Ramata, N’Gala N’Guessan, directeur régional de l’Agriculture des Grand Ponts, a tenu à « tirer le chapeau aux experts présents. « Nous pensons que nous avons certainement fait du bon travail. Je voudrais souhaiter que les choses continuent ainsi pour les prochaines fois, bien sûr », a fait savoir le directeur régional de l’Agriculture des Grands Ponts qui a également souhaité bon retour à chacun.
Pour leur part, Mme Mariam Katilé du PAM, Abdalla Samba et son collègue du CILS ont tenu à remercier la directrice des Cultures vivrières et de la sécurité alimentaire du Ministère d’Etat, Ministère de l’Agriculture et du développement rural ivoirien pour sa présence à leurs côtés. Ils ont également tenu à rendre hommage aux participants pour leurs ardeurs au travail malgré quelques actions à parfaire dans leur méthode de travail. Aussi ont-ils encouragé les uns et les autres à garder le cap.
Benoît Kadjo